< > Fig.1-72 - Les mentions de l’hôtellerie du début du 11e à la fin du 12e siècle dans les sources diplomatiques et narratives de Marmoutier



Renvoi dans le texte Référence Citation et traduction
1 Cart. Vendômois n° XIX, avant 1064 
Venit <Petronilla> itaque jussu illius in capitulum nostrum, ipso in hospitali remanente, et suscepta cum duobus filiis suis adhuc parvulis, Hugone et Gauffredo, licet absentibus, a domino Alberto abbate tunc temporibus nostro […].

Trad. : C’est pourquoi Pétronille est venue sur l’ordre de <son mari> dans notre chapitre, lui-même demeurant dans l’hôtellerie, et a été reçue [dans l’association aux prières de l’abbaye] avec ses deux fils alors petits, Hugues et Geoffroy, bien qu’absents, par le seigneur Albert, alors notre abbé.
2 Arch. dép. Orne, H2008, (Artem n° 1992), année 1093
Noverint omnes monachi Majoris Monasterii quibus hoc scire necessarium fuerit, quod quidam Normanni milites qui causa orationis ibant ad Sanctum Egidium, hospitandi gratia ex (et ?) maxime ut a fratribus in suis orationibus susciperentur, Majus Monasterium venerunt. Cumque a nobis amicabiliter fuissent suscepti, et honorabiliter hospitati, sequenti die venerunt in nostrum capitulum […].

Trad. : Sachent tous les moines de Marmoutier auxquels il sera nécessaire de savoir cela que certains chevaliers normands qui, pour un motif de prière (pèlerinage), allaient à Saint-Gilles, vinrent à Marmoutier pour être hébergés et surtout pour être reçus par les frères dans leurs prières. Alors qu’ils avaient été reçus de façon amicale et honorablement hébergés, le jour suivant, ils vinrent en notre chapitre.
3 Arch. dép. Maine-et-Loire, 43H3 (Artem n° 3586), année 1094 
Cumque apud Majus Monasterium hospitatus fuisset, in crastino, die videlicet Gorgonii martyris, veniens in capitulum nostrum commendavit se orationibus fratrum, accipiens a domno abbate Bernardo societatem et benefactum totius congregationis.

Trad : Alors qu’il avait été hébergé à Marmoutier, le lendemain, jour du martyr Gorgon, venant en notre chapitre, il s’est recommandé aux prières des frères, recevant du seigneur abbé Bernard l’association et le bienfait de toute la congrégation.
4 Cart. vendômois, n° XXVIII, ca 1066
Conventio inter nos monachos scilicet Sancti Martini et Guismandum, cum venerit apud nos habitaturus, in camera minori que est juxta hospitalem habitabit. Focum ei et lectum duarum culcitarum ipsi prehebimus et unius culcite uni homini ipsius, tres cotidie panes et IIIIor vini justas ipsis duobus, ex pane vinoque tali quali nos utemur. Alium quem libuerit cibum ex proprio ipse sibi curabit emendum.

Trad. : Accord entre nous les moines de Marmoutier et Guismandus : quand il viendra pour habiter chez nous, il habitera dans la petite chambre qui jouxte l'hôpital. Nous lui fournirons le foyer [au sens de feu qui brûle dans la cheminée] et un lit à deux couettes pour lui-même et un lit à une couette pour un seul de ses hommes, trois pains et quatre mesures (justa) de vin par jour, pour les deux, de la même qualité que le pain et le vin que nous utilisons. Pour toute autre nourriture qu'il lui plaira d'avoir, à lui de s'en soucier, à ses frais.
5 De rebus gestis in Majori Monasterio… : 394 (1187-1188 : datation établie par J.-H. Foulon)
Vir venerabilis, simul et præpositus et archidiaconus Claromontensis ecclesiæ, ad festum beati Martini quotannis venire consueverat, pariterque Majoris monasterii cœnobium visitare. Qui cum inibi multam religionem fervere conspiceret, pio conversationis desiderio est accensus. Aliquando igitur de more ad sancti Martini festum venturus thesauros suos et vestes olosericas, multamque divitiarum supellectilem secum afferri fecit. Cum igitur tota nocte et die sollemnitatis sacris officiis devotus interfuisset ; in comitatu suo recedit ad hospitium, ac inter confabulandum post epulas ait suis : Vobis crastino de labore quiescentibus, ipse solus paulisper egrediar ad prandium reversurus ; nihil igitur de me fueritis solliciti, sed parate nobis.

Trad. : « Un homme vénérable, à la fois prévôt et archidiacre de l’église de Clermont, avait pris l’habitude de venir chaque année à la fête de saint Martin, et en même temps, de visiter le monastère de Marmoutier. Et, comme il voyait qu’une grande ferveur bouillonnait en ce lieu, il est enflammé par le désir pieux de la conversion. Donc, un jour, devant aller comme d’ordinaire à la fête de saint Martin, il fait apporter avec lui ses trésors et vêtements de soie, et de nombreuses richesses de ses bagages. Donc, il avait assisté toute la nuit et le jour, avec dévotion, aux offices sacrés de la solennité. Il se retira à l’hôtellerie avec sa suite, et après le repas, au milieu d’un entretien, il dit aux siens : « Tandis que vous vous reposerez demain après le labeur, moi seul, je sortirai un petit peu pour revenir pour le déjeuner, donc ne vous inquiétez en rien à mon sujet, et préparez-le pour nous ».
6 Chronique des abbés de Marmoutier, Salmon 1854 : 322 (1re moitié du XIIIe siècle)
Hic cum bone opinionis semper exstitisset, cum esset hospitalarius hujus abbatie, Deo volente, in abbatem assumptus est.

Trad. : Celui-ci [Hervé de Villepreux, abbé de Marmoutier], comme il s’était toujours montré de bonnes mœurs, alors qu’il avait été hôtelier de cette abbaye, par la volonté de Dieu, il fut élevé à l’abbatiat.
7 Chronique des abbés de Marmoutier, Salmon 1854 : 322 (1re moitié du XIIIe siècle)
Cum in cella novitiorum episcopi, alii prelati, abbates et nobiles viri, hospitio recepti, conventum opido inquietarent, ita ut aliquis monachus ire vel redire ad lavatorium absque obviatione servientium vix posset ubi in agra cordis Herveus ad tumultum illum tranquillandum, pro bono et quiete conventus, intra triennium ordinationis sue, aulam novam speciosissimam ante ecclesiam cum granariis subtus multe valentie et in sumptibus XXti III milium solidorum (texte revu à l’aide des manuscrits BnF, lat. 13899 et 15067).

Trad. : Comme, dans la cella des novices, les évêques, les autres prélats, les abbés et les hommes nobles reçus à l’hôtellerie, jetaient beaucoup de trouble dans le monastère, à tel point qu’un moine pouvait à peine aller et revenir au lavabo sans être empêché par les serviteurs, alors dans le champ du cœur, Hervé pour mettre fin à ce tumulte, pour le bien et la tranquillité de ce convent, au cours de la troisième année de son ordination, [fit faire] une nouvelle salle, de très bel aspect, devant l’église, avec des greniers en dessous, d’une grande capacité, pour une dépense de 23000 sous.
Il manque un verbe dans la phrase. Le texte latin des deux manuscrits témoins ne donne pas de verbe indiquant ce que l’abbé a effectivement fait. André Salmon a suppléé le texte en éditant le passage en ajoutant « disposuit » en fin de phrase, sans signaler que l’ajout est de lui.